La transformation d’un moulin à garance en lieu de réception.L’histoire de votre domaine de mariage.

Crédits: Jean Pierre Locci. Association pour la Sauvegarde et la Promotion du Patrimoine Industriel en Vaucluse.

La création du canal des Gaffins.

La première mention du domaine des Gaffins apparaît en 1598 lorsque la commune de Montera vend des terres paluds à Nicolas de Cocîllis dit Agaffin avec la permission de dériver les eaux de la Sorgue et « de les conduire dans les terres acquises» ‘. C’est grâce à ce nouveau propriétaire que le canal, traversant le domaine, fut creusé. Le nouveau cours d’eau prit le nom d’Agaffin. Sa création permettait donc d’utiliser désormais l’énergie hydraulique qui allait être à la base des futures activités.

En 1619, la famille Cambis d’Orlan, alors propriétaire des lieux, fait réaliser des arpentages pour connaître la largeur du canal.

Un bail du 29 mai 1744 nous apprend que la «grange appelée Agaffin y appartient à Mme Françoise de Cambis, marquise de Brantes.

L’activité de blanchisserie.

Un autre bail en 1758 entre le seigneur des Tourettes (nouveau propriétaire) et André Arnaud, blanchisseur, donne quelques informations supplémentaires sur la grange des Gaffins :

« Bâtiment de la grange appelée Gaffin comprenant la cuisine, la chambre au-dessus, le membre où est le fourneau pour les lessives des toiles et la chambre au-dessus, le membre où est construit le moulin pressoir et la chambre au-dessus [,..] Écurie et grenier à foin [,..] l’enclos qui a été fait pour étendre les toiles à blanchir »2. C’est dans cet acte et pour la première fois qu’il est fait mention de deux activités dans le domaine : blanchiment des toiles et moulin à huile.

Quelques années plus tard, le 12 novembre 1761, M. de Bonac et Jeanne-Madeleine- Charlotte de Clément des Tourettes vendent une partie du domaine de Gaffin (bâtiment et cour) à Antoine Arnaud, blanchisseur et demeurant au blanchissage de Gaffin1 : « un bâtiment constitué de trois membres en bas et trois membres par-dessus, d’une écurie et d’un grenier à foin ».

La grange des Gaffins restera dans le patrimoine de la famille Arnaud jusqu’en 1808 où les biens de Jean-Pierre sont vendus aux enchères publiques. C’est François-Xavier-Marie Buisson cultivateur à Monteux, qui devient alors propriétaire du domaine des Gaffins.

Le 22 juin 1820, François-Xavier-Marie Buisson vend le domaine à la famille Clauseau importante famille de négociants avignonnais.

La famille Clauseau se sépare très rapidement de cette usine et par jugement d’adjudication du tribunal civil de Carpentras en date du 13 avril 1821, Dominique Augustin Fortunet en devient détenteur.

Maurice-Hyacinthe-Jacques Fortunet, fils de Dominique-Augustin, devient propriétaire du domaine des Gaffins en 1848, à la suite du testament partage de son père en date du 12 février 1845 et de deux codicilles du 30 juin de la même année et du 6 avril 1847. En 1863 il construit un nouveau hangar. Une nouvelle construction apparaît en 1875 ainsi que l’élévation du bâtiment du moulin à garance et en 1882.

À son décès survenu le 4 juillet 1888 à Carpentras, c’est son fils Paul-Antoine qui hérite du domaine des Gaffins et agrandit le domaine par plusieurs acquisitions.

Un nouveau locataire, Thomas Jouve, apparaît en 1889. Le bail à louer est conclu pour huit années. Il concerne l’usine de Gaffin et le bâtiment d’habitation avec leurs dépendances et le jardin qui se trouve au nord. Le bâtiment de ferme ne fait alors pas partie du contrat.

Au décès de Paul-Antoine Fortunet en 1895, le domaine des Gaffîns est vendu par adjudication à Louis-Gabriel Mély.

En 1896, le chemin des Gaffins est prolongé. Le bâtiment qui gênait ce prolongement est détruit. L’industrie de la poudre de garance est quasi nulle depuis deux décennies et aucune information n’apparaît dans les actes sur l’activité qu’exerce le nouveau propriétaire. Selon les matrices cadastrales de la commune, il construit un nouveau bâtiment en 1898. Au décès de Louis-Gabriel Mély en 1913, l’usine des Gaffins devient la propriété de sa fille unique, Thérèse Joséphine Mély, épouse d’Hippolyte Cartoux. Quatre ans plus tard, à la suite du décès de sa mère Louis Cartoux reprend la succession.

En 1920, Louis Cartoux loue le domaine des Gaffins à Léon Reboul. A cette date, l’usine a changé d’activité, désormais elle sert à la trituration de l’ocre.

Le 25 janvier 1935, Armand Reboul adresse un courrier au président du tribunal de commerce d’Avignon. Il demande la mise en liquidation judiciaire de son entreprise : lui et son épouse (Rosa-Laurence Linejul) ont contracté trop de dettes.

La vente du domaine de Gaffin, ainsi que d’autres biens, est effectuée le 27 février 1937 et acquis conjointement et indivisément par André Blain pour un tiers, Jean Dupuy pour un tiers et Sébastien Farragut et Michel Ramon ensemble, pour l’autre tiers. En 1939, un partage entre les trois propriétaires met fin à l’indivision et André-Jean Blain se retrouve seul propriétaire du domaine des Gaffins.

Ce site industriel est ensuite devenu la propriété de M. et Mme de Lavaissière de Verduzan en 1970.

En 2010 l’ancien préau a été reconverti en salle de réception afin d’organiser des mariages sur le domaine.